Atelier 3

Alors que le paradigme académique du « publish or perish » conduit à une inflation de publications, personne ne semble avoir le mandat dans notre Société de lire et transférer vers la pratique les résultats de la recherche. Selon la page d'accueil du projet Swiss Implementation Science Network (IMPACT) (https://impact-dph.unibas.ch/) « Seulement 14 % des pratiques fondées sur des données probantes sont mises en œuvre dans les soins de routine et la trajectoire de mise en œuvre prend en moyenne 17 ans ». Et ce constat désolant est fait dans le milieu de la santé qui a vu naître le concept de l'Evidence Based Medicine (EBM) il y a bientôt 30 ans. L'enjeu de la mise en œuvre des pratiques de qualité fondées sur les données probantes, porte sur notre capacité, comme institutions de formation académique, à donner le goût et la compétence aux praticien∙ne∙s du terrain, d'identifier et de mettre en œuvre des pratiques qui sont scientifiquement fondées. Car en effet, ce sont les praticien∙ne∙s du terrain qui ont le pouvoir d'accroitre la qualité des prestations délivrées dans la « vraie vie ». L'objectif de cet atelier est de permettre aux participant·e·s d'expérimenter l'approche adoptée dans le domaine de la formation continue certifiante dont le public est habituellement constitué de professionnel·le·s en activité, et d'échanger avec eux/elles sur les obstacles et opportunités de cette pratique. Concrètement, nous explorerons les démarches suivantes : A l'instar de ce que propose Kirkpatrick, l'évaluation d'un processus de formation devrait non seulement se faire au niveau du ressenti et des apprentissages des participant·e·s, mais aussi et surtout au niveau des changements de comportements et des indicateurs opérationnels dans le milieu de travail. Or, dans un contexte de surcharge de travail chronique et de pénurie de personnel, l'approche de l'amélioration continue, visant à apporter des changements modestes mais réguliers, est une approche gagnante. C'est pourquoi nous proposons aux participant·e·s d'inscrire leur réflexion dans une démarche d'amélioration continue, en s'appuyant sur le cycle Plan-Do-Check-Act (PDCA) de Deming (décrit dans la plupart des normes ISO). Afin d'expliciter la structure du projet, nous demandons aux participant·e·s d'utiliser le A3 de Lean. Ainsi, après avoir décrit la problématique et posé le diagnostic, nous les invitons à formuler une question précise à laquelle ils/elles veulent apporter une solution opérationnelle en utilisant la méthode PICOT. Nous invitons alors les participant·e·s à rechercher dans les bases de données scientifiques les solutions probantes ayant démontré leur efficacité. C'est seulement une fois la liste des solutions probantes établie, que nous les amenons à utiliser leur jugement de praticien·ne et à tenir compte des caractéristiques de leurs client·e.s/patient·e·s et de leur environnement pour sélectionner les solutions qui sont susceptibles de fonctionner dans la « vraie vie ». Cette approche exigeante permet aux praticien∙ne∙s de découvrir que bien souvent, la solution à la problématique qu'ils/elles veulent aborder, peut être beaucoup plus originale et performante que la solution à laquelle ils/elles avaient initialement pensé.