Sessions Parallèles 5
La qualité, une affaire de tous ? Une lecture follettienne
Intervenant-es
Intervenant-es
Panjeta Alvin
Auteur-es
Panjeta alvin (1)
Labos
1 - UPEC/IAE Gustave Eiffel (Place de la Porte des Champs 94010 Créteil cedex France)
Description
« Imaginez ce qui se serait passé pendant le 20ème siècle si nous avions prêté davantage d'attention à Follett qu'à Fayol... », Henry Mintzberg. S'il est un constat facile à établir, c'est que la qualité fourmille d'actrices et d'acteurs. Ces derniers sont aussi nombreux et différents que les intérêts qui les poussent à s'impliquer dans les différentes dimensions de cet enjeu majeur pour l'ESR. Cette communication propose une lecture de ce constat ancrée dans la pensée pragmatiste, et s'appuie pour cela sur les travaux de Mary Parker Follett. Contemporaine de Frederick Taylor et de Henri Fayol, cette dernière propose une vision du management qui se distingue sur bien des points de l'organisation scientifique du travail comme de l'attirail fayolien (prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler), qui demeurent pourtant, plus d'un siècle plus tard, un habitus encore présent dans les établissements de l'ESR. Conseillère du Président Roosevelt, travailleuse sociale, consultante et théoricienne du management, Mary Parker Follett fait de ce dernier une entreprise de créativité collective, faisant la part belle aux sérendipités situationnelles et s'appuyant sur l'audace de croire que les collaborateurs et les situations dans lesquelles ils sont impliqués sont dignes de confiance. Ainsi, si une banale réunion de service est pour Fayol et ses acolytes l'occasion pour le chef de service de « donner des ordres » et « préciser les concours que les divers services auront à se donner pour l'exécution des décisions prises » (Vanuxem, 1918, p. 22), pour Follett (2002 [1925], p. 108-109), il s'agit d'une expérience créative dont il serait contreproductif de chercher à maîtriser l'issue. Plus encore, Follett procède dans ses écrits à une analyse originale du rôle des experts dans la gestion des organisations, point qui nous intéressera particulièrement dans cette communication. En effet, elle estime que la place de ces derniers ne doit pas être prépondérante mais équilibrée, dans un réseau plus vaste et plus complexe de points de vue où se croisent les voix de l'expert et du néophyte. C'est que pour Follett, l'objectif ultime du management n'est pas le contrôle s'appuyant sur l'objectivité de l'expert, mais ce qu'elle nomme l'« intégration ». Cette dernière se produit au cours de ce que d'autres penseurs pragmatises (Peirce, 1877 & 1878, Dewey, 2006 [1967]), ont appelé l'« enquête », notion dont nous explorerons le potentiel dans cette communication. A l'aune de ce bagage conceptuel, nous nous interrogerons ainsi sur la manière dont les acteurs et actrices de la qualité de l'ESR pourraient collaborer dans une perspective pragmatiste. Quelle serait leur attitude dans ce cadre de pensée ? En quoi serait-elle différente ? A quoi ressemblerait une expérience d'« intégration » des points de vue nécessairement discordants des acteurs et actrices de la qualité ? Comment se présenterait une « enquête » sur la qualité ? Et quelle place doit-on accorder aux normes qualité fixées antérieurement à l'expérience collective par d'autres acteurs et actrices ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles tentera de répondre cette communication.